Éclairage urbain : 6 solutions pour créer une trame noire sur votre territoire
Repensez votre éclairage public et préservez la biodiversité grâce à ces six actions concrètes.
C'est une chose de comprendre l'importance d'une trame noire, que ce soit pour protéger la biodiversité, réduire l'impact environnemental de l'éclairage urbain ou diminuer les factures énergétiques, voire même pour promouvoir l'écotourisme local. Mais comment s'y prendre, concrètement, pour lutter contre la pollution lumineuse ? Voici six actions qui vous donneront des idées pour savoir comment créer une trame noire.
La trame noire, c'est essentiel pour votre territoire !
1. Faire un diagnostic des zones de conflit et opportunités
Trop souvent, l'éclairage urbain est en réalité excessif et même inadapté. Avant de se demander comment créer une trame noire, il faut prendre de la hauteur en dressant un état des lieux de votre éclairage public, définir les zones les plus problématiques et déterminer les possibles corridors écologiques qui peuvent être créés. Le CEREMA propose par exemple de mesurer (1) :
- les données spatiales (densité et positionnement des points lumineux)
- les mesures temporelles (durée d’éclairage, extinctions nocturnes) ;
- les mesures génériques à l’échelle des luminaires (composition de la lumière, orientation, types de lampes, puissance, etc.).
Il s'agit ensuite d'identifier :
- les éléments constituant le réseau écologique ;
- les points ou zones de conflits entre les éléments du réseau écologique et les éléments responsables d'une fracture.
Grâce à ces données, on peut préserver et renforcer l'existant et/ou restaurer un corridor écologique nocturne de la manière la plus efficace possible.
2. Investir dans des sources de lumière plus adaptées
Combien avez-vous recensé de candélabres de type « boule », qui éclairent davantage le ciel que le sol ? Combien de vos luminaires ont plus de 25 ans ? Combien ont une intensité qui ne peut être modulée ? Combien possédez-vous encore de lampadaires à vapeurs de mercure ?
En choisissant un éclairage plus doux dirigé vers le sol grâce à des abat-jours ou des réflecteurs, disposant de minuteries et/ou de détecteurs de mouvements, il est déjà possible d'agir. Attention cependant si vous optez pour la technologie LED : bien qu'elles soient moins énergivores et plus efficaces, la plupart des LEDs commercialisées sont riches en lumière bleue, reconnue pour sa nocivité sur la rétine, son fort pouvoir d'attraction des insectes et sa perturbation du cycle circadien. À utiliser — comme pour n'importe quel autre éclairage — avec modération.
Zoom sur l'éclairage public à LED
Des lampes LED exemptes de lumière bleue, encore peu développées, sont un bon atout en combinaison avec les lampes à vapeurs de sodium (cependant problématiques pour les chauves-souris). D'autres solutions sont actuellement étudiées, comme la bioluminescence.
3. Modifier la disposition des sources de lumière
Selon une étude du biologiste Antoine Sierro réalisée en 2019 (2), les candélabres éclairant précisément le sol devraient être espacés de 50 mètres minimum et avoir une hauteur maximale de 4 à 6 mètres. Inutile donc d'installer un lampadaire tous les 20 mètres ! Il y a par ailleurs des lieux qu'il faut mieux éviter d'éclairer :
- le long des cours d'eau ;
- proche des maisons ;
- devant les entrées de colonies de chauves-souris ;
- devant les lisières et chemins forestiers.
De manière générale, l'éclairage urbain doit répondre à un besoin réel et doit ménager des corridors écologiques entièrement plongés dans l'obscurité.
4. Choisir un revêtement du sol non réfléchissant
Cela peut paraître étonnant, mais le revêtement des routes et trottoirs joue lui aussi un rôle fondamental dans la création d'une trame noire (1). Les sols réfléchissants redirigent la lumière vers le ciel, contribuant à la formation d'un halo lumineux délétère pour l'environnement. En choisissant un revêtement absorbant, comme une surface sombre, on peut limiter ce réfléchissement.
Cela peut cependant entrer en contradiction avec le besoin de surfaces claires pour limiter les effets d'îlots de chaleur, il faudra donc décider au cas par cas.
5. Bannir les panneaux publicitaires rétroéclairés et enseignes lumineuses
En septembre 2022, la France a adopté un décret pour interdire les écrans de publicité lumineux. Problème : cela n'est effectif qu'entre 1h et 6h du matin, une interdiction jugée insuffisante par plusieurs associations et qui ne fait que compléter un autre décret paru en 2012 et déjà très peu appliqué. Chaque collectivité est pourtant libre d'aller plus loin dans sa lutte contre la pollution lumineuse, comme Paris, qui éteindra ses publicités à partir de 23h45 dès le 1er décembre 2022, sauf panneaux d'informations publiques (3), et la Métropole de Lyon qui se prépare à interdire toutes les publicités et enseignes lumineuses (4).
Selon l'ADEME, un écran publicitaire LCD numérique de 2 m² consomme environ 2 049 kWh/an, soit la consommation moyenne annuelle d’un ménage pour l’éclairage et l’électroménager. De quoi réaliser des économies non négligeables, qui motivent d'autant plus les collectivités à s'y intéresser de près !
6. Supprimer les lampadaires et éclairages non modulables
Saviez-vous qu'avec les dernières innovations en matière d'éclairage urbain, il est possible d'en moduler la durée, la fréquence, mais aussi l'intensité ? Pour créer une trame noire, il est préférable de couper totalement l'éclairage public. Mais lorsque cela s'avère impossible, il est possible de jouer sur ce tableau.
Selon une étude du biologiste Antoine Sierro (2), une combinaison entre la réduction de 50 % de lumière et l’extinction totale entre minuit et 4h00 réduirait au maximum les effets négatifs de la lumière artificielle sur les invertébrés. En complément, pensez aux minuteurs et détecteurs de mouvements, aux lampadaires hybrides éoliens-solaires et à installer des catadioptres le long des routes.
Faites passer votre mobilier urbain à l'énergie solaire
De nombreuses communes ont déjà procédé à une extinction partielle ou totale de leur éclairage urbain, pour de multiples raisons. Certaines ont même obtenu la labellisation « Villes et Villages Étoilés », leur permettant ainsi d'améliorer l'attractivité de leur territoire !
Pour communiquer auprès des citoyens parfois sceptiques face à une telle démarche, il peut être opportun de les convier à un atelier d'observation du ciel étoilé, de leur faire découvrir la vie des animaux nocturnes lors de balades estivales ou de proposer des séances de questions-réponses pour faire comprendre pourquoi et comment créer une trame noire sur votre territoire.
Repensez votre éclairage urbain avec Paysalia
(1) CEREMA : Trame noire en Hauts-de-France : Mission d'assistance de la DREAL et du ministère de la transition écologique et solidaire en 2019
(2) Ecole Economie : La lumière nuit ! LA NATURE FACE À LA POLLUTION LUMINEUSE
(3) Le Monde : La Ville de Paris vote l’extinction de la publicité lumineuse la nuit à partir de décembre
(4) France 3 : La métropole de Lyon adopte un nouveau règlement local de publicité
© Crédit photo : Jon Ingall / Adobe Stock