27-06-2023 Métier

Face à la sécheresse, le xéropaysagisme s'impose dans nos espaces verts

Pour concevoir des espaces verts durables qui nécessitent le moins d'eau possible, le xéropaysagisme est une réponse tout indiquée.

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Face aux sécheresses récurrentes, les professionnels du paysage affrontent un défi de taille : concevoir des espaces verts durables qui nécessitent le moins d'eau possible. Pour répondre à ces enjeux, le jardin xérophile est une approche tout indiquée, et cette tendance ne fait que gagner en popularité ! Mais attention, xéropaysagisme n'est pas forcément synonyme de jardin désertique peuplé de plantes grasses.

 

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Qu'est-ce que le xéropaysagisme ?

Cette tendance, baptisée du mot grec « xeros » (sec), ne date pas d'aujourd'hui. Elle s'est développée dans les années 70 à l'ouest des États-Unis, alors frappé de fortes sécheresses, afin de créer des paysages esthétiques et écoresponsables pour économiser l'eau dans les espaces verts. Cette approche a depuis traversé l'Atlantique sous le nom de xeriscaping et prend racine dans un contexte de sécheresse chronique qui frappe l'ensemble de l'Europe, du bassin méditerranéen à la Scandinavie.

Le xéropaysagisme diminue en effet de 25 à 75 % la consommation en eau d'un jardin. Une promesse alléchante, qui permettrait aux collectivités et aux paysagistes de mieux préserver leurs ressources en eau sans sacrifier la durabilité de leurs aménagements paysagers

Comment créer un espace vert selon les canons du xéropaysagisme ?

Concevoir un espace vert xérophile commence, comme pour tous travaux paysagers, par l'identification du terrain : zones ensoleillées et ombragées, zones humides et sèches, étude des sols, dénivelés et pentes, climat local, définition des zones de déambulation du public… 

Le xéropaysagisme n'est pas une solution que l'on peut copier-coller d'un jardin à un autre (au risque de tomber dans les travers du blandscaping). Il s'agit d'une démarche écoresponsable, qui implique de considérer l'espace vert dans toute sa singularité, et de tirer parti de ses forces et ses faiblesses.

1. Corriger la nature et le pH du sol

Un terrain trop sablonneux sera pauvre en minéraux et ne retiendra pas efficacement l'eau. S'il est trop argileux, les végétaux manqueront d'oxygène. Et puisque les plantes profondément enracinées captent l'eau pour la ramener à la surface, mieux vaut corriger les défauts des sols avant de s'attaquer au reste. Utiliser du compost, de la tourbe ou du fumier permettra d'agir sur le pH des sols, d'en améliorer la rétention d'eau et le développement racinaire des plantes.

Mais attention, le xéropaysagisme est une philosophie qui implique de faire au maximum en fonction de la nature de l'existant. C'est une symbiose avec le vivant, il ne s'agit pas de lutter contre (et encore moins à grand renfort de produits phytosanitaires).

2 Choisir des végétaux xérophiles résistants

Les plantes méditerranéennes ou de montagnes sont particulièrement adaptées à un aménagement xérophile, tout comme les succulentes et les plantes grasses. Mais il ne faut pas oublier la force des plantes indigènes locales, qui ont su évoluer en symbiose avec leur environnement et peuvent se montrer très résilientes face au stress hydrique.

Opter le plus possible pour des essences de plantes locales, c'est non seulement s'assurer de leur durabilité, mais aussi préserver l'identité paysagère et l'écosystème d'un lieu… et oeuvrer pour le développement de l'économie de proximité. C'est aussi ça, le xéropaysagisme !

3. Placer les plantes aux bons endroits

Le jardin xérophile fait coexister les différents végétaux de la manière la plus astucieuse possible. Pour cela, sachez utiliser les dénivelés du terrain à votre avantage ! En plaçant les plantes gourmandes en eau en bas des pentes et à l'ombre, elles bénéficieront naturellement des eaux de ruissellement et de l'humidité des sols, tandis que les plantes les plus résistantes seront en position élevée, exposées au soleil. 

Pour créer un jardin où les différentes plantes se soutiennent les unes les autres, on peut réutiliser certains principes de cohabitation que l'on trouve dans la permaculture.

4. Repenser la pelouse

Le gazon nécessite beaucoup d'eau pour survivre sans jaunir. Et ce n'est pas non plus le meilleur choix pour favoriser l'essor de la biodiversité dans les espaces verts ! 

Si le xéropaysagisme s'orientait à l'origine sur l'utilisation de gravier et de galets, nous savons aujourd'hui que cette solution n'est pas la plus respectueuse de l'environnement ni la plus efficace pour lutter contre les ilots de chaleur. L'alternative la plus efficiente consiste à utiliser des essences végétales couvre-sol robustes, comme : 

  • le trèfle qui fait le bonheur des pollinisateurs
  • l'herbe au bison appréciée pour son doux parfum
  • le boutelou gracieux et ses épis étonnants
  • les fétuques rustiques, qui tolèrent bien le stress hydrique

5. Prévenir l'évaporation de l'eau

Tout jardinier connaît les bienfaits du paillage. C'est un excellent moyen de retenir l'eau d'arrosage et la rosée matinale, tout en limitant le développement des adventices. Le xéropaysagisme n'est pas une exception dans ce domaine : le paillage, outre son aspect esthétique, est incontournable !

6. Optimiser son arrosage

Apporter la bonne quantité, au bon endroit, au bon moment est le motto de tout espace vert économe en eau. Le secteur du paysage n'est pas en reste en matière d'innovations, et l'arrosage automatique se popularise de plus en plus grâce à ses nombreux avantages.

Stocker l'eau de pluie et exploiter à bon escient les dénivelés et pentes du terrain permet également de réaliser des économies substantielles. D'autres techniques, comme les oyas vus récemment au cœur d'un concours de mobilier urbain innovant, permettent d'économiser l'eau de 50 à 70 %.

Le xéropaysagisme est une des pistes à envisager pour s'adapter au changement climatique et préserver nos ressources en eau. D'autres solutions et retours d'expérience seront abordés sur le salon professionnel Paysalia, dont l'édition 2023 mettra l'accent sur la gestion de l'eau.

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