La bioremédiation, une méthode efficace pour entretenir les plans d'eau
Rencontre avec l'entreprise Taso qui évoque les enjeux et techniques de la bioremédiation appliquées aux étangs, lacs et gravières.
Points de baignades, réservoirs de biodiversité, espaces de loisirs nautiques... les plans d'eau remplissent bien des fonctions. Mais avec le réchauffement climatique, le fragile équilibre de cet écosystème est davantage mis à l'épreuve et nombreuses sont les collectivités qui se demandent comment nettoyer le fond de leurs étangs avant qu'il ne soit trop tard. Nous avons rencontré Laurent-Pierre Castagnera, Directeur de l'entreprise spécialiste de traitement des plans d'eau Taso, pour mieux comprendre les enjeux et techniques de la bioremédiation appliquées aux étangs, lacs et gravières.
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Pour un plan d'eau sain, laisser faire la nature est un mauvais calcul
On serait tenté de croire qu'il suffit d'avoir des poissons, quelques canards et des plantes dans un plan d'eau artificiel pour recréer un équilibre naturel dans cet écosystème. En pratique, c'est plus compliqué, comme l'explique Laurent-Pierre Castagnera.
« Les poissons, tout comme les algues, vivent puis meurent, produisant de la matière organique qui se dépose au fond de l'étang. Sans élément de régulation, cette couche de vase s'accumule, occasionnant un excès de nutriments qui conduit à une croissance démesurée des plantes et des algues qui consomment tout l'oxygène disponible dans l'eau. Ce vieillissement prématuré, appelé eutrophisation, est à la source du problème bien connu des marées d'algues vertes en Bretagne. À terme, le plan d'eau s'appauvrit en oxygène et c'est tout l'écosystème qui finit par être tué par asphyxie. »
Pour détecter un plan d'eau qui a atteint un stade de déséquilibre, il faut se fier tout d'abord à ses sens : si l'eau est verte ou qu'elle sent l'œuf pourri, c'est mauvais signe. Si les poissons meurent dès le printemps, c'est la preuve que les algues ont capté tout l'oxygène disponible. Il faut réagir vite !
L'entretien des étangs, un enjeu fort mais souvent oublié
Avec le réchauffement climatique, les plans d'eau sont soumis à une hausse de leur température et donc à une multiplication des cyanobactéries, dont certaines sont nocives pour les humains et les animaux.
Invasion de cyanobactéries de plantes et d'algues filamenteuses © Taso
Or, pour la majeure partie des petites collectivités dépourvues de piscine municipale, les plans d'eau sont le seul moyen d'offrir un peu de fraîcheur aux habitants qui ne peuvent aller à la mer lors des épisodes de canicule. Cet espace social, dont dépend tout un écosystème économique (nageur sauveteur, marchand de glaces, camping etc.), peut vite tourner au vinaigre lorsque les cyanobactéries s'en mêlent, faute d'un entretien préventif de ces fragiles espaces verts. Chaque été, les communes obligées de fermer leurs plans d'eau sont de plus en plus nombreuses. « La baignade est non seulement fichue pour l'année en cours, mais il ne faut pas oublier qu'après un tel événement, les gens ont tendance à aller dans un autre endroit l'année suivante, même si des dispositions ont été prises pour assainir l'étang entre-temps. Ceci peut entraîner de lourdes pertes sur le plan touristique. » souligne Laurent-Pierre Castagnera.
Les enjeux pour assurer la sécurité dans les espaces verts publics
Les plans d'eau étant également des réservoirs de biodiversité, leur préservation est essentielle et sera d'autant plus importante que les collectivités doivent s'engager dans une démarche d'urbanisme durable pour assurer un meilleur avenir pour tous.
Prévenir plutôt que guérir : les techniques de bioremédiation à la rescousse des plans d'eau
Dans certains cas, l'eutrophisation d'un plan d'eau est telle que seules des techniques invasives, comme le dragage ou le faucardage, sont efficaces pour nettoyer le fond d'un étang. Elles restent néanmoins contraignantes pour les collectivités, comme l'explique Laurent-Pierre Castagnera : « Il faut appeler la préfecture pour obtenir des autorisations, prévoir un plan d'épandage, etc. C'est un circuit administratif très coûteux et nombreuses sont les mairies qui doivent renoncer purement à leur plan d'eau. Mieux vaut envisager un traitement préventif pour ne pas se retrouver dans une situation irrémédiable, qui coûterait bien plus cher ! ».
Ainsi, des méthodes douces de bioremédiation ont fait leur apparition. Il s'agit de travailler sur le rééquilibrage des paramètres de l'eau en utilisant plusieurs techniques, donc voici quelques unes :
- ajuster le pH pour lutter contre l'acidification du plan d'eau ;
- réoxygéner le plan d'eau pour faciliter la destruction de la matière organique par la microfaune bactérienne ;
- bloquer la photosynthèse pour empêcher la reproduction des plantes ;
- accélérer la minéralisation de la matière organique ;
Même les vastes étendues d'eau ne sont pas à l'abri. « Il y a moins de problèmes dans les grands lacs car ces paramètres mettent plus de temps à se dégrader. Mais comme le développement des algues est exponentiel, le jour où cela devient problématique, c'est déjà trop tard et faire de la prévention ne suffira pas. » tempère Laurent-Pierre Castagnera.
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Les ultrasons, une nouvelle technique de bioremédiation pour l'entretien des plans d'eau
Depuis 12 ans, l'entreprise Taso, déjà reconnue pour son carbonate de calcium naturel, le Nautex, apporte une nouvelle réponse adaptée et originale aux collectivités qui optent pour un entretien raisonné de leurs espaces aquatiques : les ultrasons, avec son innovation Ultrason Quattro Pro50 360°.
La plateforme à ultrasons de Taso © Taso
« Les cyanobactéries ont une vacuole remplie de gaz qui permet à l'algue de monter à la surface de l'eau pour capter les rayons du soleil, puis de redescendre la nuit au fond de l'eau. Les ultrasons vont faire vibrer cette vacuole qui va finir par éclater. Ne pouvant plus gérer sa flottabilité, l'algue tombe sur la vase, est mangée par les bactéries et ne peut plus relarguer de toxines dans la colonne d'eau. Cette technologie marche de la même manière sur la membrane des algues filamenteuses » explique Laurent-Pierre Castagnera.
Une méthode de prévention sans danger sur l'humain ou les animaux, qui permet de remettre d'aplomb petit étang et grand lac, et tout cela avec un entretien minimal. Avec sa version à panneaux solaires autonome, qui permet de traiter jusqu'à 50 hectares avec un seul appareil, l'innovation de Taso s'inscrit dans une logique de développement durable qui a déjà convaincu de nombreuses villes, comme Saint-Étienne, Orléans ou encore Roanne.
Avec le réchauffement climatique, la bioremédiation des plans d'eau devient un enjeu essentiel à intégrer dans une approche plus globale d'entretien raisonné des espaces verts. Les technologies en la matière existent, mais pour un maximum d'efficacité, il faut changer de paradigme : prévenir, plutôt que guérir.
Nos remerciements à Laurent-Pierre Castagnera pour le partage de son expertise.