Comment prévenir l'usure professionnelle dans les métiers du paysage ?
La pénibilité au travail est une réelle problématique du secteur. Pourtant, il existe des leviers pour préserver la santé des professionnels !
La pénibilité au travail est une réelle problématique pour le secteur du paysage, si bien que les jeunes hésitent à se tourner vers ces métiers d'extérieur. Pourtant, l'usure professionnelle n'est pas un passage obligé dans le paysagisme, encore moins à l'heure actuelle où les innovations paysagistes vont bon train. Il existe de nombreux leviers pour préserver la santé des collaborateurs, comme nous l'a rappelé EchosPaysages lors de la conférence « Comment prévenir et gérer l'usure professionnelle ? » sur le salon Paysalia 2019.
Repérer les points de vigilance pour une prévention ciblée
Un bon suivi d'accidentologie est le premier processus à mettre en place pour faire une prévention efficace de l'usure professionnelle. Cela inclut l'analyse des accidents du travail et des maladies professionnelles, les statistiques, le document unique d'évaluation des risques professionnels… Il est évident qu'une entreprise paysagiste qui rencontre fréquemment des accidents du travail a un problème sous-jacent qu'il faut résoudre !
Les retours terrain des collaborateurs sont également une vraie mine d'informations. Il s'agit surtout des rapports d'activité ou retours informels, mais on peut aussi trouver des pistes dans les compte-rendus de groupes de travail (lors de formations collectives) où des problèmes récurrents, facteurs de pénibilité au travail, ont été spontanément soulevés.
Les leviers pour prévenir l'usure professionnelle dans les métiers du paysage
Le management
Les managers sont porteurs d'une vraie politique de prévention en relayant les initiatives de l'entreprise, les informations entre direction et collaborateurs et en étant dans la co-construction d'outils opérationnels (comme des fiches d'informations par exemple).
Si l'entreprise met en place des étirements journaliers, par exemple, les managers montrent l'exemple et incitent leurs collaborateurs à pérenniser ces initiatives dans la durée. Ce n'est pas toujours évident pour un manager, car il faut relancer régulièrement la motivation des troupes et fédérer tout le monde autour d'un même objectif !
Les ressources humaines
Ce pôle peut détecter précocement l'usure professionnelle grâce à l'implication de l'encadrement et de la médecine du travail. Les ressources humaines connaissent les difficultés des collaborateurs, leurs compétences, leur parcours professionnel : autant d'indices pour trouver des pistes d'actions. On peut envisager alors des formations, des aménagements, ou encore des possibilités de mobilité ou de reconversion.
Elles peuvent mettre en place un socle de compétences communes à l'embauche (acquises, à acquérir ou à entretenir) qui, le moment venu, faciliteront d'autant l'insertion des collaborateurs paysagistes dans d'autres services avant que l'usure professionnelle n'occasionne des dommages irréversibles.
Les actions spécifiques de prévention
On y retrouve des formations, des stages de prévention des risques liés à l'activité physique (PRAP), ou encore des actions concrètes liées à la préparation physique comme les exercices d'échauffements, les séances de kinésithérapie, etc.
Ces actions concernent également toute initiative liée à la réduction de la pénibilité au travail, comme l'électrification des machines pour occasionner moins de bruit, les EPI plus performants, etc.
Le changement culturel des métiers du paysage
Terminé, l'époque où la moindre feuille morte sur le bas-côté devait être ramassée ! Enfin, en théorie, car dans les faits, certaines habitudes ont la vie dure. Pourtant, on gagnerait tous à accepter quelques mauvaises herbes ici et là : les professionnels du paysage minimisent les mouvements répétitifs, sources de troubles musculo-squelettiques, et la nature redevient un brin plus sauvage, avec un retour de la biodiversité.
Idem pour ce qui est des exercices d'échauffements : certains collaborateurs peuvent avoir du mal à accepter une telle démarche, souvent par pudeur vis-à-vis des badauds ou des collègues.
Les nouveaux outils performants
Enfin, le secteur du paysage innove chaque année pour préserver la santé des professionnels. Les outils deviennent plus maniables et sécures. Les batteries (comme celle de Pellenc, récompensée aux Trophées Paysalia Innovations 2017) gagnent en autonomie et en légèreté. D'autres innovations totalement inédites, comme les exosquelettes (une technologie Exhauss récompensée aux Trophées Paysalia Innovations 2019) font leur apparition.
Toutes ces innovations paysagistes sont à découvrir sur le salon Paysalia !
Déployer une politique de prévention : un exemple concret dans une entreprise paysagiste
Très expérimentée dans la gestion des risques professionnels, la société Chazal SAS est intervenue lors de la conférence pour faire un retour sur ses pratiques autour de deux volets majeurs :
- L'intégration de nouveaux outils
L'entreprise mise sur les innovations paysagistes pour mécaniser les tâches telles que la taille de haie ou le fauchage et forme ses équipes à leur utilisation. L'accent a été mis sur la sécurité sur les chantiers. Les nouveaux salariés, qui n'ont pas forcément de connaissances dans ce domaine en sortant de l'école, sont formés par l'entreprise et les échauffements sont ancrés dans les habitudes des collaborateurs à l'aide d'un coach.
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- Le management des risques psychosociaux
Tous les chefs d'équipe sont formés au management et introduits aux risques psychosociaux. Pour réduire la charge de travail des conducteurs de travaux, les postes ont été doublés et les équipes sont renforcées lors des phases de chantier difficiles. Les rapports de chantier ont été dématérialisés pour gagner aussi bien en temps qu'en transparence. Enfin, la communication interne a été revue avec l'installation d'écrans pour s'assurer que l'information circule de manière optimale.
La prévention de l'usure professionnelle, c'est non seulement une nécessité pour les entreprises du paysage, mais cela peut également devenir une opportunité pour l'attractivité de la filière. En diminuant la pénibilité au travail, le secteur conserve non seulement ses collaborateurs expérimentés plus longtemps, mais donne aussi une nouvelle image des métiers du paysage aux plus jeunes !
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