4 formes d'agriculture urbaine qui façonnent déjà la ville de demain
Découvrez un état des lieux de l'évolution de l'agriculture urbaine et les opportunités que cela créé pour les métiers du paysage.
« L'agriculture urbaine n'est plus un concept de bobo parisien ! » s'exclamait avec enthousiasme Guillaume Morel Chevillet, Responsable du végétal urbain à l'Astredhor, face aux visiteurs de Paysalia 2021. Lors d'une conférence sur le salon, il a dressé un état des lieux pointu de l'évolution de l'agriculture urbaine et les opportunités que cela pouvait créer pour les métiers du paysage. Décryptage.
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Quand l'agriculture urbaine s'organise dans nos villes
Aucune ville de France ne semble épargnée par cette tendance. Des jardins partagés aux potagers sur les toits, en passant par les traditionnels bacs à fleurs qui accueillent avec plus ou moins de succès salades et aromates, la ville devient comestible. Pieds d'arbres, balcons, sous-sols, berges de rivières : tout espace libre est potentiellement utilisable pour ramener de la nature en ville.
Pourquoi l'agriculture urbaine, peut-on se demander ? Ce concept se développe en réponse aux enjeux sociaux et impératifs de production, pour fournir une alimentation saine et locale aux citadins. En découle la naissance de tout un panel de structures, de la plus petite culture personnelle à la ferme périurbaine, pour créer ce que l'on pourrait qualifier de « paysage comestible ».
À quoi sert le jardin comestible ?
Un paysage comestible qui se développe en 4 dimensions
L'agriculture urbaine au domicile des particuliers
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Très minéralisée, Marseille représente pourtant la quintessence de l'agriculture urbaine à l'échelle du particulier. Si l'absence du végétal se fait remarquer dans l'espace public, les micro-oasis de verdure sont nombreuses dans les espaces privés !
Plusieurs entreprises se sont déjà engagées dans ce marché de niche. MyFood et ses serres innovantes connectées, Topager et ses services de création de jardins urbains comestibles, Vertika et son jardin vertical composteur ou encore Agrove et son application d'accompagnement pour créer un jardin partagé n'en sont que quelques exemples.
L'essor autour du potager urbain est aussi social, avec l'émergence d'animations organisées par la collectivité ou des associations. Les citadins qui n'ont pas de jardin sont de plus en plus nombreux à vouloir s'occuper de ceux des autres, à condition de pouvoir en récolter les fruits bien sûr !
L'agriculture urbaine dans les espaces publics et collectifs
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Cette forme a façonné l'agriculture urbaine telle qu'on la connaît et implique énormément les professionnels du paysage. Issu de mouvements citoyens, ce courant alternatif qui se déclinait en guerilla gardening et guerilla grafting est à présent toléré et même encouragé par la collectivité : Permis de Végétaliser à Paris, Visa Vert à Marseille…
La grande nouveauté, c'est que les fournisseurs et entreprises du paysage sont sollicités pour réaliser ces chantiers et bénéficient de l'engouement du gouvernement pour la végétalisation urbaine. À Nanterre, le projet Vive les Groues a transformé un terrain vague abandonné depuis 10 ans en espace vert, abritant notamment une pépinière horticole.
L'agriculture urbaine en ferme urbaine
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Ce modèle un brin utopique a encore du mal à trouver un business model qui fonctionne, et pour cause : il fait appel à une ingénierie de pointe que peu de collectivités peuvent s'offrir, et que peu d'entreprises maîtrisent. Citons notamment les tours verticales, bassins de culture en aquaponie, dômes géodésiques ou encore fermes en toiture…
Parmi les projets réussis, un point commun : un aspect multifonctionnel, où l'espace se transforme tour à tour en jardinerie à ciel ouvert, en marché local, en atelier pédagogique, ou en lieu événementiel. Un projet qui demande en conséquence beaucoup de motivation et l'aide de plusieurs financeurs, mais le résultat peut être impressionnant, comme dans les Greensgrow Farm de Philadelphie ou le Paysan Urbain à Marseille.
L'agriculture urbaine à l'échelle du territoire
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Encore peu visible actuellement, l'agriculture urbaine à cette échelle répond pourtant à un enjeu fondamental et peut même redéfinir le périmètre du métier d'agriculteur.
Dans le quartier de Doulon Gohards à Nantes, 180 hectares d’anciennes terres maraîchères ont laissé place à un nouveau quartier mixant agriculture urbaine, espaces naturels, logements et services. Ce projet financé par l'État accueillera à terme quatre fermes urbaines : une manière de perpétuer le patrimoine local en accueillant de nouveaux agriculteurs, qui feront preuve d'innovation pour cultiver la terre différemment.
Quand on voit ses atouts et ses nombreuses formes, on comprend pourquoi l'agriculture urbaine a le vent en poupe. Elle pourrait même contribuer à sauver des villes sur le déclin ! Les métiers du paysage ont tout à gagner à se positionner sur ce marché et à utiliser leur expertise pour résoudre les obstacles techniques et sociétaux posés par l'agriculture urbaine.
Entre quartiers fertiles, fermes urbaines et potagers partagés, retrouvez plus d'infos sur les enjeux du jardin nourricier au cœur de la ville.