31-05-2018 Environnement

La ville verte, dernier rempart contre la disparition des oiseaux urbains

Situés en première ligne, les collectivités et professionnels du paysage peuvent agir en mettant en place diverses solutions.

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Cri d’alarme dans toute l’Europe : la population d’oiseaux urbains est en chute libre ! La présence du moineau domestique, une des espèces les plus représentatives en zone urbaine, a ainsi chuté de 73 % à Paris en 13 ans, de 60 % en 20 ans à Prague, et de 60 % en 25 ans en Finlande (1). L’Allemagne enregistre quant à elle une baisse de 15 % sur son territoire, toutes races d’oiseaux confondues (3). Situés en première ligne, les collectivités et professionnels du paysage sont les plus à même d’agir en mettant en place diverses solutions.

Les dangers de la disparition des oiseaux en ville

Si la raréfaction des oiseaux en zone urbaine pose problème, c’est qu’ils jouent plusieurs rôles essentiels, aussi bien pour la planète que pour la race humaine. Ainsi, ils oeuvrent activement pour la préservation de la biodiversité en acheminant les graines vers d’autres horizons. Certains oiseaux, comme le geai, se constituent des réserves de graines parfois perdues ou oubliées. D’autres les rejetteront via leurs excréments. Enfin, certaines graines s’accrochent tout simplement sur l’oiseau avant de retomber plus loin.

Les oiseaux insectivores jouent aussi un rôle important dans l’ingestion d’insectes nuisibles pour l’homme ou ses plantes ! Les mésanges vont se charger des chenilles processionnaires du pin, responsables chaque année d’allergies et de la mort de nombreux arbres. Les hirondelles vont quant à elles éliminer les moustiques tigres, responsables de la transmission de la dengue, le chikungunya et le virus zika. Pour le bien de tous, les collectivités et professionnels du paysage ont donc tout intérêt à intégrer la préservation de l’oiseau urbain lors de la conception de leurs espaces verts et de leurs aménagements paysagers.

Inverser la tendance en 3 étapes : à chaque problème sa solution !

Pour contrer ce phénomène, il faut déterminer en premier lieu la racine du problème, et y appliquer les réponses adaptées. Bien que les causes soient très variées, il en existe trois majeures sur lesquelles le paysagisme peut intervenir.

1. Le manque de bâtiments adaptés

La tendance actuelle ne permet plus la nidification. Les nouveaux bâtiments présentent souvent des surfaces lisses, comme des parois vitrées, qui ne comportent plus les aspérités nécessaires aux oiseaux pour nicher. Les rénovations de bâtiments anciens, quant à elles, bouchent les trous utilisés pour la nidification pour un souci d’isolation thermique sans proposer de solutions alternatives.

Les collectivités peuvent donc prévoir des bâtiments plus adaptés, par exemple en installant des nichoirs ou en intégrant des murs végétalisés dans la construction. Ces derniers pourront par ailleurs capter la pollution dans l’air, une des autres conséquences de la raréfaction des oiseaux en ville.

Quelles règles pour végétaliser des bâtiments ?

2. La disparition des insectes

Causée par le manque de biodiversité et l’utilisation de produits phytosanitaires type néonicotinoïdes, la disparition des insectes est un véritable casse-tête pour les collectivités. Une étude indiquait récemment que plus de 75 % des insectes ont disparu en Allemagne sur une période de 27 ans (3), impactant directement la population d’oiseaux insectivores !

Heureusement, de nombreux experts du paysage ont conçu des aménagements paysagers innovants pour les faire revenir dans nos villes. Qu’il s’agisse de gîtes à insectes, de ruches ou d’installations fleuries faisant la part belle aux plantes mellifères, chaque collectivité et professionnel du paysage peut agir à son échelle, en fonction de son budget. Enfin, l’utilisation de produits de biocontrôle est à adopter par tous, certains pays comme la France ayant déjà interdit l’utilisation des néonicotinoïdes.

Entretenir sans pesticides, c'est possible !

3. L’absence de gestion dite différenciée

La majorité des espaces végétalisés en zone urbaine ont été conçus pour être gérés de manière uniforme, ce qui a donné lieu à des espaces pauvres en biodiversité. Ce type de gestion ne permet qu’à certaines espèces d’oiseaux d’y vivre. Ainsi, le nombre d'espèces d'origine serait deux fois plus faible en ville que dans les espaces périphériques, selon une étude d’Ecology Letters (4).

La gestion différenciée permet à chaque espace d’être perçu dans son individualité et d’être entretenu en conséquence : il s’agit d’un véritable renouveau dans la conception des espaces verts ! Introduire de la biodiversité va attirer les insectes, mais également fournir de nouveaux refuges pour les oiseaux. On peut faire cohabiter plusieurs espèces de végétaux, créer de la végétation basse, proposer du sable pour aider les oiseaux à se laver, mais aussi éviter les élagages et débroussaillages pendant les périodes de nidification. Quant aux “mauvaises herbes”, mieux vaut parfois les laisser en paix, elles aussi ont un rôle à jouer !

Apprenez comment tirer parti des mauvaises herbes

Créer un bon environnement pour des oiseaux en zone urbaine revient souvent à faire d’une pierre deux coups pour transformer une zone urbaine en ville verte. Certaines grandes métropoles, comme Vancouver (Canada), ont même développé une stratégie dédiée pour accroître leur population d’oiseaux ! Et si vous rendiez vous aussi votre ville “bird-friendly” ?


(1) Corif : Enquête Moineaux domestiques à Paris
(2) Nabu : Über zwölf Millionen Vogelbrutpaare weniger in Deutschland
(3) Plos One : More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas
(4) Ecology Letters : Urbanisation and the loss of phylogenetic diversity in birds

© Crédit photo : bryndin / stock.adobe.com
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