28-03-2019 Entretien

Écopastoralisme : quel animal choisir pour entretenir un espace vert ?

Véritables tondeuses écologiques, les animaux contribuent efficacement à l'entretien du paysage. À condition de savoir le(s)quel(s) choisir !

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Une réponse idéale pour atteindre l'objectif « zéro phyto » imposé par la réglementation ! En confiant l'entretien de leurs espaces verts à des herbivores, les collectivités publiques et privées — tout comme les particuliers — sont gagnantes sur toute la ligne (voir notre article sur les avantages de l'écopastoralisme). Mais quels animaux peut-on utiliser, et quels sont leurs terrains de jeu privilégiés ? Pour nous permettre d'y voir plus clair, Christophe Darpheuil, éleveur et directeur de l'association rhodanienne Naturama, nous a fait profiter de son expertise sur cette méthode alternative de l'entretien du paysage.

Les ovins, numéro 1 de la tondeuse écologique

Une brebis Soay en hiver. © Naturama

Bien-aimés des collectivités, les ovins sont des compagnons de travail idéaux sur les petits terrains, et peuvent si nécessaire intervenir sur les zones polluées ou humides. Les races non destinées à l'abattage, y compris celles en voie d'extinction (comme le mouton de Soay, le Landes de Bruyère ou le Cameroun), sont particulièrement prisées. Certaines ne nécessitent aucune intervention humaine pour la tonte de la laine, peuvent vêler en extérieur et se passer d'un abri. Loin d'être de simples tondeuses écologiques, les ovins ont également un excellent impact sur la biodiversité, qui peut augmenter jusqu'à 40 % sur la surface qui les accueille. Les moutons ne détruisent pas les habitats : au contraire, leur fumier amende abondamment le sol et amène un cortège d'insectes et d'animaux bénéfiques pour la biodiversité.

Avec seulement cinq moutons par hectare de terrain à l'année sur un terrain propre, les collectivités peuvent obtenir de bons résultats sans avoir recours à une tondeuse ou une débroussailleuse.

Proportion des ovins dans l'écopastoralisme français : 41 % (1).

Les caprins, aventuriers en reliefs extrêmes

Une chèvre des Fossés en plein travail. © Édouard Hue / Wikipédia CC BY-SA 4.0

Idéales sur les petits terrains pentus, accidentés ou les sous-bois forestiers, les chèvres — comme la race des Fossés, la Rove ou la chèvre Poitevine — sont d'excellentes débroussailleuses. Elles travaillent très rapidement, mais ont tendance à s'attaquer aux arbustes, fruitiers et arbres ornementaux. Elles sont un bon complément au broutage des moutons lorsqu'il y a plusieurs strates de végétation à entretenir sur un espace vert ! Cependant, elles sont aussi championnes de l'évasion : sans une surveillance journalière, les chèvres ont vite fait de prendre la clé des champs.

Proportion des caprins dans l'écopastoralisme français : 22 % (1).

Les bovins, grands ruminants pour grands espaces

La race bovine Highland Cattle. © Frank Winkler / Pixabay

Plus massifs que les chèvres et moutons, les bovins sont des animaux adaptés à l'entretien de grands terrains plats qui ne craignent pas le piétinement, comme les zones marécageuses. La race Salers, ou encore la (très) poilue Highland Cattle, sont appréciées pour leur côté folklorique. Faciles à superviser, les bovins n'essaient pas de s'échapper. Néanmoins, ces animaux n'offrent pas la même souplesse que les moutons et chèvres concernant leur déplacement. Leurs bouses, imposantes, apportent peu de richesses au sol qui aura été endommagé par leur présence.

Proportion des bovins dans l'écopastoralisme français : 19 % (1).

Les équins, fidèles alliés de l'Homme

Un cheval Pottok en terrain vallonné. © Max Pixel

Très fragiles, les chevaux, poneys et ânes peuvent vite tomber malades sur une friche ou un sol pollué. Ils se plairont davantage sur les espaces sains de grande envergure, y compris dans les marais pour le cheval Camarguais ou le poney Landais, ou les terrains montagneux pour le cheval Pottok. Question logistique, là encore le déplacement n'est pas aisé et fait perdre l'économie de gaz à effet de serre, mais les clôtures sont plus faciles à mettre en place.

Proportion des équins dans l'écopastoralisme français : 15 % (1).

Besoin de dépolluer un sol ? Pensez aux phytotechnologies !

Les cervidés, farouches tout-terrain

Et si, à l'image du Centre Psychothérapique de l'Ain, les collectivités adoptaient des daims ? Un choix original qui permet d'entretenir un hectare de terrain, tout en contribuant au bien-être des patients de la structure qui vivent mieux leur quotidien. Ces animaux tondent sans problème les espaces verts pentus et boisés, tant que ces derniers ne sont pas pollués ou humides. Leur capacité de reproduction nécessite toutefois de vastes terrains et une régulation pour éviter la surpopulation et la propagation de maladies. Les cervidés nécessitent également un apport de foin durant l'hiver et peuvent être difficiles à approcher dans un premier temps.

… Et tous les autres !

Les gallinacés (poules, dindes et pintades) se feront un plaisir de débusquer les insectes nuisibles et d'enrichir le sol avec leurs déjections, hautement concentrées en azote fertilisant. Il doivent cependant être déployés sur une vaste zone pour contrer leur aptitude à arracher l'herbe. Les camélidés (lamas et alpagas), plus exotiques, broutent sans arracher l'herbe et sont aussi rapides d'exécution que les chèvres. Enfin, aussi étonnant que cela puisse paraître, les cochons d'Inde peuvent être utiles pour conserver une pelouse rase sur un petit terrain. À la différence des lapins, ils ne creusent pas le sol !

En résumé...

L'éducation nécessaire des citoyens-citadins

Si beaucoup de collectivités publiques pratiquent déjà l'écopastoralisme, choisir un animal pour entretenir un terrain situé en zone urbaine nécessite une vigilance particulière. À l'aide de clôtures adaptées, d'une surveillance accrue et de la mise en place d'une information publique, les collectivités peuvent éviter les situations suivantes :

L'alimentation non adaptée

Par ignorance, les riverains sont tentés de nourrir les animaux, créant ainsi une mauvaise habitude qui peut, à terme, les amener à bouder les brins d'herbe. De plus, cette nourriture peut faire plus de mal que de bien : le pain, par exemple, n'est pas adapté pour les herbivores, pouvant les rendre malades.

La prédation des chiens

Plusieurs cas de moutons égorgés par un chien non tenu en laisse se sont déjà produits. Les clôtures doivent être suffisamment hautes et robustes pour éviter qu'un prédateur urbain ne puisse venir débusquer les animaux.

Les vols

Des vols sont signalés régulièrement, particulièrement sur les petits animaux vulnérables comme les agneaux. La mise en place d'une vidéosurveillance, de clôtures électrifiées, et le choix de races cornues peuvent dissuader ces actes.

Bon à savoir : quel que soit l'animal choisi pour l'entretien d'un espace vert, les races issues du patrimoine local et rustiques ont de meilleures capacités d'adaptation que leurs consœurs. Elles pourront ainsi jouer leur rôle de tondeuse écologique tout au long de l'année ! Opter pour une race à petit effectif, pratique très répandue dans l'écopastoralisme, est également un choix avisé qui permet de contribuer à la sauvegarde de la diversité génétique, malmenée par le développement de l'agriculture intensive.

A lire également : Comment entretenir un espace vert urbain sans produits phytosanitaires ?

Nos remerciements à Christophe Darpheuil, directeur de l'association Naturama, et à Daniel Curt, du Centre Psychothérapique de l'Ain, pour le partage de leur expertise.


(1) Entretien Nature Territoire : Le rôle sociétal de l'éco-pâturage

© Crédit photo : Zbyszko / stock.adobe.com