Carré des Jardiniers 2023 : « Le jardin suspendu, c'est l'avenir de nos villes », par Matthieu Carla
Avec son « Jardin suspendu », le jardinier paysagiste Matthieu CARLA propose aux villes de devenir le poumon vert dont elles ont tant besoin.
En ville, les espaces verts construits à la verticale permettent d'exploiter le meilleur de l'existant, sans contribuer à l'étalement urbain. Mais la technicité de telles installations nécessite d'imaginer de nouvelles solutions. Avec son « Jardin suspendu », le jardinier paysagiste Matthieu CARLA propose aux villes de devenir le poumon vert dont elles ont tant besoin. De quoi apporter des réponses originales au thème imposé « Biodiver’Cité : Comment habiter la ville de demain ? ». En attendant de découvrir le prochain Maître Jardinier du concours Carré des Jardiniers, explorez son projet tout en verticalité.
Quel est votre parcours de paysagiste, en quelques mots ?
Matthieu Carla : J'étais en BTS Productions animales et pendant mes études, je travaillais en CESU chez des clients pour des petits travaux d'entretien de leur jardin. En 2009, une grosse tempête a fait tomber des arbres et mes clients m'ont demandé de venir débarrasser. Ils avaient besoin de factures pour faire jouer leur assurance, donc j'ai créé mon entreprise paysagiste comme ça. Ça a pris tellement d'ampleur que je n'allais presque plus en cours.
J'ai fini par stopper ma formation et j'ai capitalisé sur mes bases en agriculture pour mener mon entreprise en autodidacte.
Le portrait chinois de Matthieu Carla
Dans chaque jardin, on retrouve une part de la personnalité du paysagiste qui l'a conçu.
- Si j'étais un mot, je serais… « détermination »
- Si j'étais un son, je serais… « le silence »
- Si j'étais une émotion, je serais… « la joie »
- Si j'étais un type de musique, je serais… « le jazz ou le blues »
- Si j'étais un plat, je serais… « le cassoulet toulousain »"
- Si j'étais une heure de la journée, je serais… « 5h30 »
- Si j'étais un superpouvoir, je serais… « rassembler et fédérer autour d'enjeux communs tout en préservant l'individualité de chacun »
Comment vous est venu le concept de votre « Jardin suspendu » ?
Matthieu Carla : Je pars toujours des besoins. Le thème de cette édition du Carré des Jardiniers nous dépassait un peu, mais c'est actuel : comment résoudre les problématiques des petites et grandes villes ? Plutôt qu'imperméabiliser sans cesse, je propose de bâtir à la verticale sur ce qui existe déjà, “bâtir sur la ville”
Souvent, le végétal suspendu vieilli mal : les paysagistes sont en bout de chaîne alors qu'ils devraient être inclus dès le début pour créer quelque chose de durable. Il faut penser que les végétaux devront être remplacés tous les 10-20 ans pour éviter les dégâts liés à l'enracinement, prévoir des emplacements pour faire venir des grues et développer un vrai entretien avec de nouvelles pratiques.
Dans notre jardin urbain suspendu, les différents étages seront suggérés à cause des contraintes techniques du hall d'exposition Eurexpo, mais notre message c'est que le jardin suspendu, c'est l'avenir de nos villes. On construit sur les maisons, on ajoute des étages, on crée des colonnes végétales, des zones de fraîcheur au pied des immeubles…
Comment abordez-vous le thème de la biodiversité ?
Matthieu Carla : Je pense que la biodiversité doit revenir par les sols perméables : bandes de briques, bois, matériaux de récupération comme les coques de noix ou noyaux de pêche… Plus frais que le goudron, ces sols permettent de préserver un peu de sauvage tout en maîtrisant la nature, car il ne faut pas oublier que nous sommes en ville. Mais en fauchant deux ou trois fois par an au lieu de tondre régulièrement, on économise beaucoup de temps (et d'argent).
Vous rencontrez des difficultés pour convaincre vos clients de favoriser la biodiversité dans leur jardin ?
Comment intégrez-vous les tendances actuelles du jardin dans votre création ?
Matthieu Carla : Question design, on va symboliser trois terrasses : une à la provençale, une autre plutôt sèche avec des plantes graphiques et une ambiance hispanique, et une troisième un peu bohème avec du mobilier en osier sous une pergola, dans des couleurs turquoise et jaune.
On tient aussi à montrer les possibilités du CLT (Cross Laminated Timber, panneau lamellé-croisé) pour créer très facilement des locaux techniques, poolhouses, abris de jardin ou autres. C'est un matériau 100 % français créé par Piveteaubois, qui permet même de créer tout un immeuble en bois. C'est un produit qui mérite d'être connu, car il répond totalement aux enjeux écologiques actuels et à nos besoins en tant que paysagistes.
Quelles émotions souhaitez-vous susciter auprès des professionnels qui visiteront votre jardin urbain ?
Matthieu Carla : Je veux que les gens s'y sentent bien, que ça fasse « cocooning ». J'aime créer des petits espaces qui suscitent le bien-être. Ce jardin doit attiser la curiosité, faire s'interroger sur comment c'est fait, par exemple quand on marche sur un sol un peu instable ou sur un parterre en noyaux de pêche.
Je pense qu'un bon paysagiste sait transformer un produit pas terrible au premier abord, comme une palette de bois pleine de défauts oubliée au fond d'un hangar, et en faire quelque chose qu'on remarque.
Pouvez-vous nous présenter l'équipe qui vous épaule pour ce concours Carré des Jardiniers ?
Matthieu Carla : Je travaille en couple avec mon épouse Charlotte CARLA depuis le début. Nous avons également 6 salariés qui nous épaulent, et une partie de ce jardin est réalisé en collaboration avec les élèves du lycée agricole de Toulouse. Je les forme et maintenant, ils savent implanter un jardin, faire les encollages de brique, etc.
Mon jardin est entièrement conçu par des acteurs de l'économie locale, il y a même un grand traiteur toulousain, Esprit Pergo, qui participe en nous donnant des bouteilles en verre. Ensemble, on peut transformer plein de produits et les détourner de leur fonction première dans l'aménagement d'un jardin !
Envie de déambuler dans le jardin urbain de Matthieu CARLA, et de découvrir toutes ses techniques pour amener plus de biodiversité en ville ? Rendez-vous sur le salon Paysalia, du 5 au 7 décembre 2023.
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