Quelle méthodologie pour la gestion des arbres "problématiques" en ville ?
Un guide de Plante & Cité propose des alternatives à l'abattage, essouchage et dévitalisation des arbres.
Abattage, essouchage, dévitalisation : tel est le destin tragique de la plupart des arbres dits « problématiques ». Peut-on imaginer une autre issue pour ce symbole de la ville verte ? C'est la question sur laquelle a travaillé toute une équipe de professionnels du paysage, cristallisée dans le nouveau guide de Plante & Cité. Résultat : des solutions concrètes pour diversifier votre gestion des arbres problématiques en ville. Une lecture incontournable pour les collectivités !
D'arbre sain à arbre problématique : où se situe la frontière ?
On qualifie un arbre de « problématique » lorsqu'il représente un risque pour son environnement ou pour les usagers qui passent à proximité. Il existe mille et une raisons qui peuvent transformer un arbre en une source de nuisances potentielles, voire même en un véritable danger public. On retrouve par exemple :
- un dépérissement fongique ;
- des conditions climatiques extrêmes (gel ou sécheresse) ;
- une fragilité racinaire ;
- un haut potentiel allergisant ;
- etc.
On peut également considérer comme problématique un arbre sain qui fait obstacle aux réseaux souterrains ou aériens ou qui empêche la création d'un aménagement urbain.
Dans la plupart des cas, lorsqu'un arbre est attaqué, fragilisé ou qu'il dépérit, l'abattage est la solution d'entretien la plus répandue. Et c'est bien dommage, car conserver ces arbres peut rapporter bien des avantages (il est même possible de mesurer cette valeur végétale). C'est tout l'objet du guide de Plante & Cité, qui détaille les enjeux de cette conservation et énumère des solutions concrètes sous forme de fiches pratiques.
Les questions à se poser pour gérer un arbre problématique en ville
Dans les annexes du guide de Plante & Cité, un document retiendra particulièrement l'attention des collectivités qui se demandent quel cheminement de réflexion adopter face à un arbre problématique. Ces étapes clés pourront vous accompagner sur chaque intervention d'entretien afin de trouver une solution adaptée au contexte et aux enjeux environnementaux.
Réaménagement du site
Réaménager l'espace autour de l'arbre problématique est une pratique déjà utilisée par près de la moitié des professionnels lorsque les conditions sont réunies (pression de passage, essence d’arbre, possibilité de suivi, etc). Cette solution préserve le réseau inter-arbres, l'équilibre biologique, la trame verte et permet de conserver la capacité de stockage carbone de l'arbre.
Parmi les outils à votre disposition, on retrouve l'établissement d'un périmètre de sécurité assorti d'une communication à destination du public, un réaménagement des passages des mobilités, et la constitution d'un inventaire du patrimoine arboré. Vous pouvez ainsi cartographier les arbres affectés et programmer les interventions aux périodes les plus adaptées.
Conservation de l'arbre problématique
Vous pouvez vouloir préserver un arbre vieillissant ou abîmé, surtout lorsqu'il s'agit d'un arbre remarquable. Bien que fragilisés, ces arbres sont encore un lieu de rendez-vous majeur pour la biodiversité. Vous pouvez alors tenter de gagner du temps sur les années de reprise nécessaires d'un nouvel arbre implanté.
Concernant l'entretien d'un arbre dont la résistance mécanique est trop faible, envisagez l'haubanage, c'est-à-dire une pose de consolidations internes ou externes. Si l'arbre est vigoureux, il peut être intéressant d'effectuer un recépage pour lui redonner un coup de jeune, ou à minima de tailler les parties défectueuses. Si vous ne pouvez conserver l'arbre au même endroit, la transplantation peut être envisagée. Face à un arbre mort qui ne pose pas de problème de sécurité, le tronc peut être transformé en « chandelle », ce qui présente un réel intérêt pour les insectes et oiseaux.
Les résidus de bois peuvent ainsi être revalorisés : compostage, plaquettes de chauffage, paillage… mais aussi bancs sculptés et tables pour égayer un parc ou un square !
Conservation de la souche
Lorsqu'il est impossible de conserver l'arbre, il faut tout de même éviter l'essouchage au maximum car les racines d'un arbre mort continuent de jouer un rôle actif, en plus de contribuer au retour de la matière organique au sol. Elles fournissent un abri à la vie biologique souterraine et limitent l'érosion ou l'éboulement des sols.
En l'absence de gêne, les collectivités peuvent choisir d'inclure la souche dans un aménagement ou de la transformer en mobilier urbain (chaise, banc). Certaines villes, comme Brest ou Differdange (Luxembourg), ont métamorphosé leurs souches en de sublimes sculptures sur bois.
Enlèvement total de l'arbre
Lorsque la conservation de l'arbre ou de sa souche est impossible, il reste encore l'alternative de la replantation dans un autre lieu. Si l'état de santé de l'arbre est tel qu'il ne peut être sauvé, vous pouvez envisager l'engazonnement, la refonte de voirie ou la désimperméabilisation du sol pour laisser l’eau de pluie s’infiltrer. Il faudrait idéalement réfléchir à un projet d'aménagement pour remplacer l'arbre enlevé et les bienfaits qu'il apportait de son vivant. Pourquoi pas en reboisant avec des arbres sains ?
Le point sur l'évolution du reboisement dans le monde
Adopter une gestion différenciée des arbres problématiques en ville, de la taille sécuritaire à la revalorisation des souches, permet de tirer pleinement parti de leurs bienfaits tout au long de leur cycle de vie. Grâce au guide de Plante & Cité, vous aurez toutes les cartes en main pour déployer une stratégie d'entretien durable pour vos arbres.
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