Comment l’aquaponie peut-elle révolutionner la culture en ville ?
Savez-vous ce qui se cache derrière le mot aquaponie ? Il vient de la contraction des termes aquaculture, désignant l’élevage des poissons, et hydroponie, la culture des plantes dans l’eau.
Savez-vous ce qui se cache derrière le mot aquaponie ? Il vient de la contraction des termes aquaculture, désignant l’élevage des poissons, et hydroponie, la culture des plantes dans l’eau. Mais, bien plus que ça, derrière ce simple mot se cache surtout un procédé de culture intégrée qui pourrait bien répondre aux défis de demain… On a interviewé Valérie Zimmermann, dirigeante de la Ferme Aquacole d’Anjou, pour en savoir plus sur le sujet.
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L’aquaponie, c’est quoi exactement ?
Pierre, Valérie Zimmermann, et Carole Bris, leur associée à la Ferme Aquacole d’Anjou
L’aquaponie, c’est « l’association de l’élevage des poissons et de la culture des plantes dans un circuit fermé ». Une association que l’on retrouve d’ailleurs naturellement dans l’environnement, comme dans les étangs, où les végétaux apportent beaucoup aux poissons et vice versa.
Comment ça fonctionne ?
D’abord, les poissons fertilisent l’eau avec leurs déjections. Cette eau enrichie en nutriments est ensuite envoyée dans le potager, ou dans les plantes, où un maillon indispensable entre en action : les bactéries.
« Elles transforment l’ammoniac des déjections de poissons en nitrates, qui sont consommés par les plantes. En pompant les nitrates, les plantes purifient l’eau qui peut ensuite être renvoyée vers le bassin des poissons. »
Avec un tel circuit, une vraie symbiose a lieu entre les poissons et les plantes. L’intervention de l’homme se limite à nourrir les poissons !
Les avantages de l’aquaponie
Les avantages de l’aquaponie sont nombreux… « Avant tout, c’est beaucoup plus productif. L’aquaponie offre un milieu très riche, donc les plantes poussent très vite. » Mais il ne faut pas penser que les plantes poussent dans l’eau tout le temps : avec un système d’aquaponie domestique et de bassin potager, par exemple, les plantes poussent dans des billes d’argile. Un système de marée haute et marée basse permet de vider l’eau, dès qu’il y en a suffisamment, dans le bassin d’élevage. Ainsi, « les racines des plantes sont bien aérées, et elles ne prennent que l’eau et les éléments nutritifs dont elles ont besoin ». Résultat, c’est bien plus productif qu’une culture traditionnelle : « les plantes ne manquent de rien ! » Un autre avantage, c’est que « pratiquement tout pousse ! Particulièrement les légumes feuilles, les légumes fruits, les herbes aromatiques… et les plantes d’ornement aussi ». On peut les ajouter pour l’esthétique, voire associer des plantes potagères et des plantes à fleurs pour lutter contre les parasites et limiter les insecticides. Enfin, un tel système permet d’allier le plaisir de cultiver un potager et celui d’élever des poissons. Une chose particulièrement agréable, que ce soit pour les propriétaires d’un système domestique ou pour les habitants des villes pratiquant l’aquaponie.
Un écosystème qui répond à de nombreux défis
Car oui, l’aquaponie répond à des problématiques actuelles.
- Elle est avant tout respectueuse de l’environnement. « Elle n’a pas d’impact sur l’environnement puisqu’elle ne rejette aucun déchet. » Les déjections de poissons, ses seuls déchets, sont utilisés pour nourrir les plantes… Et « s’agissant d’installations hors-sol, on s’affranchit d’un certain nombre de parasites et d’insectes » : il n’y a pas besoin d’engrais, ni de produits phytosanitaires...
- L’aquaponie est aussi respectueuse de l’eau. Fait d’autant plus important qu’elle se fait rare… Comme le circuit est fermé, inutile d’arroser : « le système, très économe en eau, permet aux particuliers comme aux collectivités de s’affranchir de l’arrosage ». Et comme l’eau du bassin d’élevage des poissons est épurée par les végétaux, on la renouvelle très peu.
- Elle répond aussi à la volonté de reconquête de la biodiversité lancée dans les villes. Mieux, elle la favorise « par les plantes et les poissons, mais aussi parce que l'écosystème aquatique attire des oiseaux, des insectes… et le potager, lui, attire les pollinisateurs ».
- Installés en ville, les systèmes d’aquaponie permettent de produire des poissons (des truites, par exemple) et des végétaux au plus près des consommateurs : « on est dans un circuit court de production ». Et ce, que ce soit dans le cadre d’une production personnelle ou dans le cadre d’une culture maraîchère et piscicole. Alors que les parcelles de terre se font de plus en plus rares, l’aquaponie n’a pas besoin de ça pour s’implanter !
- Enfin, installée dans les villes et les jardins collectifs, l’aquaponie « favorise le lien social. Elle permet d’échanger, de partager, de jardiner ensemble ». En ville, dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, le « bassin d’aquaponie apporte un aspect ludique, pédagogique et social. »
À l’heure où l’accès à la nourriture devient de plus en plus problématique et où les modes de production évoluent, l’aquaponie fait partie de ces systèmes responsables facilitant l’accès à des produits sains et locaux, nécessitant peu de ressources.
Comment mettre en place un tel système ?
L’aquaponie peut s’installer chez les particuliers, dans les entreprises ou dans les collectivités. Il faut donc distinguer les systèmes d’aquaponie domestique et les systèmes de plus grande envergure, voire les systèmes « industrialisés ». Les bassins potagers, comme ceux de la Ferme Aquacole d’Anjou, peuvent être créés sur-mesure mais sont le plus souvent vendus en kit, « avec des planches en bois qui se montent très simplement ». Il suffit donc de s’équiper d’un kit… Sans oublier les poissons et les plantes ! Côté installation, l’aquaponie trouve sa place partout : « sur les terrasses, les toits, les balcons, dans les jardins partagés, les potagers collectifs, les jardins thérapeutiques... »
L’aquaponie s’installe au salon Paysalia 2017, au cours duquel vous pourrez rencontrer Valérie Zimmermann et ses bassins potagers… Si vous êtes paysagiste, vous pourrez même profiter d’une remise de 25 % ! Alors, rendez-vous au salon ?
Crédit photo : Wikimedia Commons