16-02-2022 Environnement

Comment végétaliser les cimetières pour leur offrir une seconde vie

L'interdiction des produit phytosanitaires nécessite de nouvelles stratégies d'entretien pour les cimetières, dont la végétalisation.

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Avec le renforcement de la Loi Labbé qui interdira les produits phytosanitaires dans les cimetières à partir du 1er juillet 2022, les collectivités doivent réfléchir à de nouvelles stratégies d'entretien. Pourquoi ne pas en profiter pour transformer les cimetières en de véritables poumons verts en ayant recourt à la végétalisation ? C'était l'objet d'une conférence sur Paysalia 2021, par Maxime Guérin de Plante&Cité et Flore Diradourian de l'Astredhor.


© Crédit photo : ydumortier / Adobe Stock

Végétaliser les cimetières nécessite une approche méthodique

De moins en moins fréquentés, les cimetières ont pourtant du potentiel pour (re)devenir des espaces de vie et apporter la nature en ville. Les collectivités se heurtent cependant à certaines contraintes :

  • Par leur nature actuellement hautement minéralisée, l'entretien zéro-phyto des cimetières doit faire l'objet d'une stratégie adaptée.
  • Par la symbolique des lieux, les usagers peinent à accepter les « herbes folles ».

Un projet de végétalisation d'un cimetière ne peut en effet réussir sans une communication efficace auprès du grand public pour lui expliquer les atouts d'une gestion sans pesticides, parmi lesquels :

  • favoriser le retour de la biodiversité en recréant la trame verte ;
  • créer un ilot de fraîcheur ;
  • préserver la santé des usagers.

L'objet de la conférence portait, quant à lui, sur les solutions pour entretenir un cimetière sans produits phytosanitaires.

Une tendance qui se développe déjà avec les « cimetières naturels »

L'approche du cimetière varie suivant les pays et le modèle du « tout minéral » ne date finalement que du XXe siècle. Il s'agit donc avant tout de faire évoluer les habitudes culturelles. Les « cimetières verts » se multiplient déjà, comme en Allemagne avec ses forêts funéraires, aux USA avec les « green burials » à l'image de Prairie Creek, ou même en France avec le cimetière naturel de Niort créé en 2014. Avec les nouveaux enjeux qui transforment déjà nos villes, nul doute que les cimetières plus traditionnels vont eux aussi évoluer.


Quelle démarche pour végétaliser sa collectivité ?

Des conseils concrets pour une bonne gestion zéro-phyto des cimetières 

Basés sur des projets de recherche in situ en Normandie, ces conseils donnés par Maxime Guérin et Flore Diradourian donnent une direction claire pour réorienter votre stratégie d'entretien des cimetières communaux.

Quelle technique d'enherbement pour végétaliser un cimetière ?

Il faut passer par une gestion d'entretien différenciée, c'est-à-dire qu'elle doit prendre en compte les différentes caractéristiques d'un cimetière. Allées sujettes au piétinement, espaces intertombes difficiles d'accès pour le matériel d'entretien, espaces ombragés ou ensoleillés…

Concernant le choix des graminées, ces expérimentations ont montré que le Ray-Grass pousse vite, mais domine rapidement les autres. La fétuque a, quant à elle, une implantation plus lente mais demande en contrepartie moins d'entretien. Sa fragilité la rend inadaptée pour les endroits passants. 

Concernant la méthode d'enherbement, la conférence a soulevé les points suivants :

  • L'enherbement manuel : adapté aux petites surfaces, il ne nécessite pas de matériel et se fait rapidement. Mais sa levée non homogène et sa tendance à l'érosion obligent à prévoir des regarnissages.
  • L'enherbement mécanique : offre une facilité de travail et une régularité des semis, mais nécessite cependant un travail préalable du sol et génère un certain coût lié au matériel.
  • L'enherbement hydraulique : ne nécessite qu'un seul passage, aucune préparation du sol et permet un semis pérenne et homogène. Le seul inconvénient de cette technique est le coût de l'apport et de repli du matériel.

Quelles plantes vivaces choisir pour un cimetière zéro-phyto ?

Une quarantaine d'espèces ont été testées lors de cette expérimentation. Les vivaces qui se développent « en touffe », restant ainsi sur l'espace qui leur a été attribué sans envahir les monuments funéraires, s'avèrent particulièrement intéressantes.

Après avoir étudié leur facilité d'installation, leur concurrence vis-à-vis des adventices, leur impact envahissant et leur aspect esthétique, Maxime Guérin et Flore Diradourian recommandent notamment les espèces suivantes :

  • Centaurea simplicaulis (centaurée à feuilles simples)
  • Prunella vulgaris (brunelle commune)
  • Acaena microphylla (lamourde à petites feuilles)
  • Frankenia laevis (bruyère marine)
  • Polygonum affine 'Dimitry' (renouée rampante)

À noter que les prairies fleuries sont elles aussi intéressantes pour apporter davantage de biodiversité, mais à la condition de faire attention à ce qu'elles ne recouvrent pas les tombes.

Plus d'infos sur les alternatives aux pesticides

Et si l'on végétalisait aussi nos pierres tombales ?

C'est le pari fou de l'entreprise française Infiniflore, avec sa création atypique imaginée par Franck Serra par ailleurs consacré Maître Jardinier 2021. L'idée ? S'affranchir des monuments funéraires 100 % minéral pour y incorporer du végétal.

Une audace qui a suscité beaucoup de curiosité sur le salon Paysalia 2021, puisqu'un exemplaire de ces tombes paysagères était présenté parmi les Paysalia Innovations. Une idée dans la parfaite continuité de la végétalisation des cimetières !


© Crédit photo : Nicolas Rodet

Peu valorisés, les cimetières constituent pourtant une véritable oasis de verdure en devenir pour les collectivités. Si la végétalisation des cimetières n'en est qu'à ses débuts, la réglementation zéro-phyto et la nécessité de retrouver des ilots de verdure va les remodeler en profondeur. De quoi faire revenir les usagers dans ces lieux de mémoire ?

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© Icônes : Icons8 
 

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